Kassak

À Ousmane, mon fils.

 

Tu es homme, ce soir !

Tu es un homme, mon fils !

Par ta chair meurtrie

Par ton sang versé

Par ton regard froid

Par ta cuisse immobile.

 

Et ta mère se souvient

De sa nuit d’amour

De ses entrailles déchirées

De ses gémissements silencieux

De ses reins écartelés

Des regards envieux de ses rivales mauvaises

De la succion de ta bouche-fleur

Du gris-gris miraculeux qui

Avec l’aide d’Allah

A guidé tes pas jusqu’à ce jour heureux.

 

Tu es homme, ce soir !

Tu es un homme, mon fils !

            Par la lame tranchante

            Par ton sexe éprouvé

            Par ta peur refoulée

            Par la terre des Ancêtres.

 

Gawlo !... chante cet homme nouveau

Jeunes filles aux seins debout

Clamez son nom au vent.

Selbé N’Diaye, fais danser ce petit homme.

Tu es un homme, mon fils.

Tu es un homme, ce soir.

 

Ils sont tous là :

            Ceux de ta lune première

            Ceux que tu nommes pères.

Regarde, regarde-les bien :

Eux seuls sont gardiens de la terre

De la terre qui a bu ton sang.

Référence bibliographique

Annette Mbaye D’Erneville, « Kassak », Dakar, Imprimerie A. Diop, 1963.

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